Les pavés de la mémoire
Le 22 novembre dernier, monsieur Olivier Escots, adjoint au maire de Bordeaux en charge du handicap et de la lutte contre toutes les discriminations, a ouvert au 48 rue Ausone, dernière demeure du couple Berthe et Martin Katz, la cérémonie de la pose de deux pavés (Stolpersteine) en leur mémoire. Leur triste destin a ainsi été commémoré et gravé à tout jamais sur deux pavés dorés déposés au pied de leur immeuble bordelais où ils ont été arrêtés par la police française pendant l’occupation. Berthe Katz, arrêtée en juillet 1942 et son mari Martin Katz, arrêté en mars 1943, ont ensuite été déportés dans les camps donnant à cette rue une triste signification. Les époux sont en effet tous deux décédés en déportation, Berthe à Auschwitz le 19 juillet 1942 et Martin à Sobidor en avril 1944. Ils ont été séparés, ils ont été assassinés comme des bêtes et cette célébration leur a rendu leur humanité et a honoré leur nom.
Mes camarades et moi-même de terminale en spécialité de HGGSP avec Monsieur Féral avons eu ainsi eu la chance de participer à ce projet, de lire au cours de la cérémonie cinq textes préparés en classe afin de retracer l’histoire du couple, de leur arrestation à leur arrivée dans les camps. D’après les différentes personnes présentes à cette cérémonie, nous avons su retranscrire, avec justesse leur désarroi, leur incompréhension et leur désespoir.
C’est donc un véritable travail de mémoire qui a eu lieu au fond de la rue Ausone. En effet, cette célébration était d’abord celle du nom « Katz » dont le rôle a été déterminant dans l’Histoire car il a permis de prouver le rôle de Maurice Papon, secrétaire général de la Gironde pendant la guerre, dans la déportation de Juifs bordelais.
Mais c’est aussi et surtout une véritable transmission que l’on a pu voir lors de cette cérémonie. Celle de « témoins » à « témoins », de victimes de la terreur et de l’horreur nazie à adultes en devenir afin que l’humanité porte toujours en elle le souvenir de ces crimes, afin qu’on ne les oublie jamais et surtout qu’on ne les laisse pas se reproduire. De nombreuses personnes étaient ainsi présentes pour assister à ce passage de témoins et parmi elles, Albert Massiah, président du Crif (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) Bordeaux Aquitaine, Madame Andrée Elkaim, présidente du B’naï B’rith de Bordeaux, la plus ancienne organisation juive dans le monde née à New-York en 1843, Laurent Védrine, directeur du musée d’Aquitaine et Yoann Lopez, chargé de mission à la politique mémorielle de la ville en charge de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme étaient aussi présents. Monsieur Nardot directeur du lycée et Madame Bataille enseignante en SES ont également soutenu le projet et nous ont honoré de leur présence lors de la cérémonie.
Ce beau projet, qui a réuni les générations et les destins, restera donc dans les esprits des lycéens pour qui l’histoire des Katz, qui s’inscrit dans la grande Histoire du XXe siècle, est à la fois un héritage et un élément essentiel de notre identité collective.
Faustine Viallard, élève en spécialité HGGSP